Retraites complémentaires : la dernière ligne droite des négociations

Retraites complémentaires: les caisses de l'Agirc-Arrco ont accumulé 68 milliards d'euros de réserve après plusieurs accords demandant des efforts de la part des retraités.

© LP/Jean-Baptiste Quentin

Les retraites complémentaires sont au cœur des discussions entre les syndicats et le patronat. Les caisses de l’Agirc-Arrco, qui ont accumulé une réserve de 68 milliards d’euros, sont l’objet de nombreuses interrogations. Où iront ces milliards ? Les négociations, qui se sont déroulées mercredi soir, étaient axées sur une revalorisation conséquente des pensions. Cependant, l’exécutif souhaite ponctionner le régime, ce qui risque de contrarier les attentes.

Retraites complémentaires: Les enjeux des négociations entre syndicats et patronat

L’accord qui a été conclu devrait prendre en compte deux priorités des syndicats. La première consiste à supprimer le « bonus/malus » qui impose une décote temporaire de 10% sur de nombreuses pensions complémentaires depuis 2019. La seconde est une revalorisation des pensions indexée sur l’inflation (ou proche) pour cette année. Cependant, les discussions s’annoncent difficiles pour les années 2024-2026, car l’accord ne couvre que la période 2023-2026.

L’Agirc-Arrco, géré par les partenaires sociaux, verse chaque année plus de 87 milliards d’euros à 13 millions de retraités. Cette part complémentaire représente entre 20% et 60% de la pension totale, selon la catégorie professionnelle. Les caisses de l’Agirc-Arrco sont pleines, avec une réserve de 68 milliards d’euros, soit près de dix mois de versements d’avance. Cependant, sa règle d’or impose de conserver l’équivalent de six mois sur un horizon de 15 ans.

La réforme des retraites devrait apporter 22 milliards supplémentaires sur 15 ans. Les syndicats réclament une hausse des retraites complémentaires comprise entre 5% et 5,2% au 1er novembre, indexée chaque année sur l’inflation. Cette demande est équivalente à celle annoncée pour le régime général. Le patronat souhaite dissocier l’année 2023 de la période 2024-2026, afin de trouver un équilibre économique en cas de sous-indexation éventuelle.

Un autre sujet de discussion est le malus, qui a été instauré en 2019 pour inciter les salariés à travailler un an de plus, même s’ils avaient déjà atteint toutes les conditions légales de départ à la retraite. En cas de non-respect de cette incitation, leur pension est amputée de 10% pendant trois ans. Plusieurs syndicats plaident pour la suppression de ce malus pour les 700 000 personnes déjà parties avec la décote. Cependant, le patronat rejette cette option en raison de son coût estimé entre 7,3 et 8,2 milliards sur 15 ans.

Les partenaires sociaux doivent également faire face aux menaces de l’exécutif, qui souhaite prélever 1 à 3 milliards d’euros annuels sur le régime d’ici 2030 pour financer le relèvement des « petites pensions » prévu par sa réforme. À défaut de participation, le gouvernement envisage de puiser dans les caisses de l’Agirc-Arrco. Les excédents des caisses justifient selon lui cette participation au retour à l’équilibre du système de retraite global. Cependant, le président du Medef, Patrick Martin, s’inquiète de cet « interventionnisme » et estime qu’il n’est pas question que l’Agirc-Arrco devienne une variable d’ajustement pour les régimes gérés par l’État.

Dans ce contexte tendu, syndicats et patronat réfléchissent à des mesures de solidarité internes pour les petites retraites, à hauteur de 350 à 400 millions d’euros annuels. Cependant, si le gouvernement venait à « voler » un milliard, cela mettrait en péril le régime, selon les avertissements des syndicats.

La question des retraites complémentaires reste donc au cœur des préoccupations et des débats. Les négociations entre les syndicats et le patronat s’annoncent cruciales pour l’avenir des retraités et du système de retraite dans son ensemble.