Livret A : cette raison pour laquelle le taux au 1er août va décevoir les Français

Le taux du Livret A pourrait augmenter cet été en raison de la hausse des prix et de la hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne. Mais il est possible que les choses ne se déroulent pas comme prévu.

© lunion

Montrer Dissimuler le sommaire

En raison de l’inflation, la BCE est étroitement surveillée pour ses décisions de politique monétaire, en particulier ses annonces. La dernière annonce, faite le jeudi 4 mai, a augmenté les taux d’intérêt de 0,25 points. Cette annonce a affecté les détenteurs d’un Livret A, un produit d’épargne réévalué deux fois par an en fonction de la hausse des prix (hors tabac) au cours des six derniers mois et de la moyenne des taux interbancaires à court terme (taux €STR) sur la même période. Les taux interbancaires étaient négatifs jusqu’à la fin de 2022, mais avec les augmentations successives des taux d’intérêt de la BCE, ils sont maintenant à 2,9 %. Le directeur du Cercle de l’épargne prévoit des taux interbancaires « d’environ 3,20 % dans les semaines à venir ».

De plus, une nouvelle augmentation des taux d’intérêt de la BCE de 0,25 points n’est pas exclue le 15 juin. Dans ces conditions, Eric Dor, directeur des études économiques à l’École de Management IESEG à Paris et Lille, prévoit dans une note publiée le 2 mai que la moyenne semestrielle des taux interbancaires de janvier à juin « serait de 2,66 % ». Ce taux est beaucoup plus élevé que les 0,56 % enregistrés par la Banque de France avant que le taux du Livret A ne soit fixé à 3 % le 1er février.

Un taux plus élevé pour le Livret A

Le taux du Livret A est influencé par les décisions de la Banque centrale européenne. Combiné à l’inflation prévue de 5,88% en moyenne entre janvier et juin 2023, cela devrait augmenter le rendement de l’épargne. Le taux passerait de 3% à 4,3% au 1er août ((2,66% + 5,88%) / 2). Selon Philippe Crevel, un taux théorique de 6% pour l’inflation et de 3% pour les taux interbancaires correspondrait à un taux du Livret A de 4,5%. Les épargnants peuvent donc s’attendre à un taux compris entre 4,3% et 4,5%.

Cependant, le taux du Livret A a une forte dimension politique. La Caisse des dépôts (CDC) centralise la majorité de l’épargne (59,5%) pour financer principalement la construction de logements sociaux. Les banques conservent l’autre partie (40,5%) et sont obligées de rémunérer les épargnants à leurs propres frais. Pour ces raisons, la Caisse des dépôts et les banques ont déjà demandé au gouvernement de ne pas augmenter le taux du Livret A au 1er août.

Le coût trop élevé pour l’économie

Le gouvernement pourrait vouloir répondre aux demandes urgentes. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a a suggéré qu’il pourrait augmenter l du Livret A le 1er août. Il a déclaré à France Info le mercredi 3 mai : « Je suivrai la recommandation du gouverneur de la Banque de France, comme je l’ai toujours fait. Ma première responsabilité est de protéger l’épargne des Français. » Cependant, les détails sont dans l’arrêté du 27 janvier 2021 relatif aux taux d’intérêt des produits d’épargne réglementée. Ce texte permet de déroger à la formule du taux du Livret A « lorsque, à l’occasion de son calcul, la Banque de France estime que des circonstances exceptionnelles justifient une dérogation ». Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déjà utilisé cette possibilité en janvier dernier, avant de fixer le taux du Livret A à 3% au 1er février, au lieu des 3,3% prévus par la formule de calcul. Il a affirmé notamment qu’un « taux trop élevé serait très défavorable » pour le logement social.

On peut s’attendre à ce que le gouverneur adopte la même attitude mi-juillet, lorsqu’il formulera sa recommandation à Bercy. Philippe Crevel craint que « le gouverneur ne propose pas un taux de 4,5% ou même de 4%. Je pense qu’il proposera une valeur approximative de 3,5% ou 3,6%, compte tenu de l’impact négatif d’une forte augmentation sur les banques et le logement social. » Si cette prédiction se réalise, cela aura un impact négatif sur le pouvoir d’achat des épargnants.