Réforme des retraites : le niveau de vie des retraités bientôt en baisse ?

Le niveau de vie des retraités est-il plus élevé ou plus faible que les actifs ? Qu'en sera-t-il dans 20 ans ? On vous fait le point !

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Vous ne le savez peut-être pas, mais le niveau de vie des retraités se situe au-dessus de celui des personnes actives en France. Mais, visiblement, cette situation ne va pas s’éterniser dans le temps. La faute à la nouvelle réforme des retraites du gouvernement Macron ? Merci à nos confrères de L’Obs qui ont partagé un article particulièrement intéressant sur ce sujet. Découvrez-le par vous-mêmes dans cet article !

Le niveau de vie des retraités ne sera plus au-dessus de celui des actifs dans quelques années…

Cela fait des années qu’Emmanuel Macron évoque les problèmes de budget pour faire passer sa réforme. Il y a un autre argument mis en lumière par le gouvernement. Celui de protéger le niveau de vie des retraités. Le 2 décembre, Elisabeth Borne a exprimé aux journalistes du Parisien que si « on doit progressivement travailler plus longtemps », c’est aussi « pour protéger le pouvoir d’achat des retraités ».

Évidemment, le but recherché est partagé par tous. Mais, est-ce que les Français sont tous logés à la même enseigne ? En effet, est-ce qu’il y a des catégories de personnes plus impactées que d’autres ? Qui fournit le plus d’efforts ? Les actifs qui vont travailler plus longtemps ou les retraités qui vont devoir baisser leur niveau de vie ?

Il existe une troisième solution. Celle de réévaluer les cotisations, mais l’exécutif s’y est toujours opposé. Le lundi 28 novembre, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a organisé une réunion pour faire le point sur la situation.

Les retraités français à part en Europe

Tout d’abord, le COR a remarqué que la période est plutôt exceptionnelle. En effet, le niveau de vie des retraités s’est aligné sur celui des actifs depuis 20 ans. Il dépasse même un peu. Pour preuve, les revenus moyens de ces derniers sont de 1 900 euros et ceux des actifs sont de 1 840 euros. Une différence de 3 % selon le rapport de la Drees 2022.

À savoir, le niveau de vie signifie l’ensemble des revenus et ressources. Ainsi, les pensions (80 %), les revenus du patrimoine (15 %) et les prestations sociales (5 %) sont pris en compte. Ensuite, les membres d’un foyer sont aussi pris en compte, mais la plupart du temps, les retraités n’ont plus de personnes à charge. Comme vous le voyez sur le schéma ci-dessous, il y a eu plusieurs années où leur niveau de vie a grimpé en flèche. Ensuite, à partir des années 2000, il a stagné.

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(CONSEIL D’ORIENTATION DES RETRAITES)

Mais, on peut se poser la question : est-ce que c’est normal qu’une personne inactive ait un meilleur niveau de vie qu’une personne active ? « On s’est habitué depuis vingt-cinq ans à une égalité de niveau de vie, qui est devenu implicite », explique Carole Bonnet, démographe et chercheuse à l’Ined.

Visiblement, le choix de la France n’est pas celui des voisins. En effet, du côté des Allemands et des Canadiens, le niveau de vie de leurs retraités est moins élevé de 10 % par rapport aux actifs, d’après le COR. Les Suédois et Japonais ont un niveau de vie inférieur de 15 %. La différence est encore plus grande pour les Néerlandais et les Anglais avec 20 % d’écart entre les retraités et les actifs.

Par contre, l’Italie rejoint la France. Le niveau de vie est quasi le même entre les actifs et les retraités. Les répercussions ne sont pas que financières, car la société a changé son regard. « La hausse du niveau de vie [des retraités] a transformé le rapport à la retraite », explique l’économiste Michaël Zemmour, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, pendant la rencontre du COR.

Dans quelques années, leur niveau de vie va baisser par rapport aux actifs

Alors, est-ce que la France va garder cette logique ? Selon les prévisions du COR, l’écart va s’agrandir dans 50 ans environ. En effet, le niveau de vie des retraités pourrait arriver entre 75 % et 87 % du niveau de vie moyen des Français. Découvrez ci-dessous le schéma des scénarios possibles.

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(CONSEIL D’ORIENTATION DES RETRAITES)

« On est sur le toboggan, sans nouvelle mesure, cela se dégrade », avoue Michaël Zemmour. Ce n’est pas l’avis de Didier Blanchet, président du Comité de suivi des retraites. Il pense que le niveau de vie des retraités va encore augmenter, mais simplement plus lentement, que celui des actifs. « Chaque génération récupère au moins ce qu’elle a mis dans le système », précise-t-il pendant le colloque. Ainsi, « si ça décroche trop, il sera toujours possible de redresser le coup ».

Décaler l’âge du départ à la retraite, une bonne solution ?

Selon le COR, repousser l’âge de départ à la retraite va permettre d’augmenter sensiblement le niveau de vie des retraités. Mais, la réalité est plus nuancée que cela. En réalité, cela va dépendre du type de catégories, d’après Michaël Zemmour : « Il y a des profils de retraités pour lesquels cela ne bouge pas, et d’autres pour lesquels cela baisse, car on supprime la surcote. ». Par exemple, les personnes qui rentrent tôt dans la vie active, arrivent à 62 ans avec déjà les trimestres cotisés. Alors, ils ont une surcote, mais qui devrait s’annuler si le seuil d’âge est décalé à 64 ou 65 ans.

Deux économistes s’opposent sur la réforme. Voici leurs points de vue :
  • Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du cabinet BDO et professeure d’économie à la Sorbonne, donnait son avis : « Le débat se focalise beaucoup trop sur l’âge de départ. C’est une erreur. Le vrai sujet, c’est le niveau des pensions. Est-ce que l’on veut partir plus tôt avec une plus petite retraite ? Ou plus tard avec plus de retraite ? » 
  • Michaël Zemmour est déçu que l’État n’augmente pas les cotisations. « L’outil le plus naturel pour piloter les retraites, c’est le taux de cotisation. En s’interdisant ce levier, on s’interdit de piloter le niveau de vie à la liquidation. »