L’histoire d’un fraudeur qui a vendu la tour Eiffel

Tour Eiffel: Victor Lustig, un escroc notoire, a réussi à empocher 70 000 francs en vendant un monument qu'il prétendait pouvoir vendre en pièces détachées.

© toureiffel.paris

Publicités
Montrer Dissimuler le sommaire

Le 31 mars 1889, la tour Eiffel a été construite sur le Champ-de-Mars. Des auteurs tels que Guy de Maupassant, Léon Bloy ou Alexandre Dumas fils se sont insurgés lorsqu’ils ont vu s’élever cette tour. Des qualificatifs acerbes ont plu, mais l’avalanche de protestations n’a pas réussi à déboulonner la tour. Pire encore, le succès de l’Exposition universelle de 1889 a définitivement scellé ses quatre pieds sur le Champ-de-Mars. Quelques semaines plus tard, Victor Lustig est né en Autriche-Hongrie. Il était cultivé, poli et parlait couramment six langues. Il a été impliqué dans des combines louches dès son adolescence du côté de Dresde, en Allemagne.

Une vie de mensonges

Publicités

Victor Lustig, sachant que son avenir ne sera pas marqué par des réussites académiques, préfère une vie fugitive faite d’escroqueries et de larcins. Malgré tout, il fréquente des cercles huppés, tels que les fumoirs des paquebots transatlantiques et les halls d’entrée des palaces new-yorkais. Le « comte Victor Lustig » côtoie les grands industriels, les stars du show-business et les nouveaux millionnaires. Pourquoi ? Parce que derrière son sourire en coin et son attitude policée, l’escroc élabore mille stratagèmes afin de soutirer de l’argent à ses victimes.

La police a découvert plus tard que celui qui se faisait appeler le « comte » n’était ni noble, ni né à Paris ou New York comme il le prétendait. Son passé est incertain et fabriqué, tout autant que son avenir. Il s’appelle en fait Robert Miller, un nom qui sonne étrangement comme un alias. Au cours de sa vie, il a utilisé une cinquantaine de noms différents, changeant d’identité comme on change de chemise.

Publicités

Dans les années 1920, Victor Lustig, installé aux États-Unis, perfectionne l’une de ses combines favorites. Il commence par repérer, lors de soirées mondaines, une personne riche et naïve, qu’il attire ensuite dans sa chambre d’hôtel. Il lui révèle alors le secret de sa soi-disant fortune : un coffre d’acajou finement sculpté qu’il prétend être une machine capable de dupliquer les billets de banque.

Sous les yeux ébahis de sa victime, Victor Lustig insère un billet de 100 dollars dans la machine et lui offre à boire, prétendant que cela prend six heures pour réaliser une copie parfaite. Au bout de ce temps, un billet plus vrai que nature émerge de l’autre côté !

Publicités

En réalité, il ne s’agit que d’un tour de passe-passe. Mais face à l’insistance de sa victime, Victor Lustig accepte de lui vendre la machine à un prix astronomique. Le nouvel acquéreur réalisera plus tard que l’engin est simplement paramétré pour évacuer, à intervalles réguliers, des billets préalablement dissimulés à l’intérieur. L’escroc en avait laissé deux au moment de vendre son appareil, ce qui lui a donné une demi-journée pour fuir avant que la supercherie ne soit découverte.

Falsification et utilisation de documents falsifiés.

Victor Lustig était un criminel qui escroquait les gens en utilisant des astuces de manipulation et de fraude. Il a escroqué Al Capone, un criminel de Chicago, avant d’être ramené dans son bureau un mois plus tard. Victor Lustig s’est rendu à Paris en 1925 et a eu une idée en lisant une coupure de presse sur la tour Eiffel. Il a convoqué les cinq plus gros ferrailleurs de la ville dans une chambre d’hôtel et leur a dit que la municipalité voulait réduire la tour en pièces détachées. Il a promis à l’un des ferrailleurs le marché juteux, à condition que le projet reste secret. Seul un ferrailleur a accepté, André Poisso, qui a donné à Victor Lustig 70 000 francs. Victor Lustig a quitté la ville immédiatement après avoir reçu l’argent, et André Poisso n’a même pas signalé l’escroquerie à la police.

Fin de cavale

Publicités

Malgré le bruit causé par son escroquerie, qui finit par être rapporté dans les journaux, l’arnaqueur continue ses manipulations. Après avoir essayé de revendre la tour Eiffel une seconde fois, il doit fuir Paris pour échapper à la police. Au fil des semaines, le mystère entourant Victor Lustig, criminel aux nombreux visages, s’éclaircit.

En 1929, les forces de l’ordre françaises finissent par arrêter l’escroc. Ils trouvent une grande quantité de fausses chèques, de fausses lettres de crédit, de fausses cartes d’identité, de faux passeports et de fausses lettres de grandes banques américaines qui accréditent leurs détenteurs en France dans sa chambre d’hôtel (source: Le Journal du 6 juillet 1929).

Publicités

Cinq ans plus tard, Victor Lustig est enfermé à Alcatraz, l’une des prisons les plus sécurisées au monde, située dans la baie de San Francisco, après une autre arnaque avec de fausses coupures. Il est condamné à quinze ans de prison. Il meurt en 1947 dans une cellule médicalisée du Missouri suite à une pneumonie. La police aurait trouvé une carte postale de la tour Eiffel annotée « vendue » dans sa cellule.

Publicités