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Le climatoscepticisme est un phénomène qui existe depuis près de 15 ans sur les réseaux sociaux, et les chercheurs du climat font face à des commentaires agressifs. Chacun a sa propre stratégie pour prendre du recul et faire face à cette réalité.
La Montée du Climatoscepticisme sur les Réseaux Sociaux
Au début, pour les scientifiques du climat, Twitter (maintenant X) était un outil précieux qui leur permettait d’échanger avec une communauté mondiale de chercheurs et de découvrir de nouvelles idées. Cependant, à partir de 2022, la résurgence du discours climatosceptique, voire l’apparition du climatocomplotisme, a fait d’eux des cibles en France.
Certains chercheurs ont décidé de faire une pause, comme le climatologue Christophe Cassou, après avoir subi des raids sur X qui ont même envahi sa boîte mail. Les attaques ad hominem se sont généralisées et ont commencé à déborder sur leur vie personnelle, les poussant à dire stop. Malgré ces difficultés, la plupart des chercheurs ont repris leurs publications et continuent à s’exprimer sur les réseaux sociaux.
Pour certains chercheurs, comme la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, Twitter était un outil formidable de veille scientifique et d’interactions avec des personnes aux horizons différents. Cependant, ils regrettent de perdre cette capacité d’échange et d’interactions enrichissantes depuis un certain temps. Selon l’économiste du climat Céline Guivarch et le chercheur sur le changement climatique Aurélien Ribes, le fil d’actualité est devenu moins pertinent et leurs publications sont moins vues, probablement en raison d’un changement d’algorithme. Face à cette situation, ils ont diminué leur présence sur le réseau social et envisagent d’explorer d’autres plateformes comme Mastodon ou Bluesky.
La Structuration de la Communauté Climatosceptique
L’année 2022 a été marquée par la structuration croissante de la communauté climatosceptique, comme l’ont montré les travaux du mathématicien David Chavalarias et de ses collègues. Selon leur étude, environ 30 % des comptes Twitter abordant les questions climatiques sont climatosceptiques. Cette communauté était presque inexistante en 2019, mais en 2022, elle compte environ 10 000 comptes très actifs qui relaient des contenus dénialistes.
Face aux commentaires méprisants et dénialistes, les chercheurs ont adopté différentes stratégies. Valérie Masson-Delmotte choisit de bloquer les utilisateurs qui adoptent un comportement agressif. Elle se questionne également sur la gestion de X par Elon Musk et sur le fonctionnement des algorithmes qui semblent favoriser la multiplication des attaques haineuses. Céline Guivarch, quant à elle, ne cherche pas à répondre à toutes les réactions négatives. Elle considère que ces commentaires insultants restent une minorité et préfère se concentrer sur son travail et sur les échanges positifs qu’elle peut avoir avec le public.
Le Choix de l’Humour et du Spectacle
Certains chercheurs ont opté pour une approche différente pour communiquer avec le grand public. Eric Chaumillon, professeur de géologie marine, a créé un « show scientifique » où il aborde les sujets graves liés au climat de manière humoristique. Il se moque de la figure du scientifique et essaie de simplifier les discours pour les rendre accessibles à tous. Cette approche lui permet d’établir une relation de confiance avec le public et de favoriser des discussions engagées.
Le climatoscepticisme représente un défi pour les chercheurs du climat, qui font face à des commentaires agressifs et méprisants sur les réseaux sociaux. Malgré cela, ils continuent à s’exprimer et à informer le public sur les effets du dérèglement climatique. Certains ajustent leur présence sur les réseaux sociaux, d’autres choisissent des approches plus créatives